Evolution des catégories de demandeurs d'emploi depuis 1996

Dernière mise-à-jour : 11 avril 2023

On s'intéresse à l'évolution du nombre de demandeurs d'emploi inscrits à Pôle emploi. Ces inscrits sont repartis dans les cinq catégories A, B, C, D et E.

Les inscrits appartenant aux catégories A, B et C "sont tenus d'accomplir des actes positifs de recherche d'emploi" au contraire de ceux inscrits dans les catégories D et E. Source : https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F13240

Les données utilisées ici sont les données brutes mensuelles fournies par Pôle emploi. Elles débutent en 1996. Ces données sont accessibles depuis Statistiques.pole-emploi.org

Les statistiques sur les demandeurs d'emploi sont souvent présentées dans la presse ou par l'INSEE en données corrigées des variations saisonnières et des effets des jours ouvrables.

On s'intéresse ici aux tendances générales et non aux variations fines. C'est pourquoi les données brutes sans corrections fournies par Pôle emploi sont utilisées.

Des informations sur les corrections de données sont mises en ligne par la DARES. Lien : dares.travail-emploi.gouv.fr

A noter que la correction des effets saisonniers, la "désaisonnalisation" des données, est relativement complexe et nécessite de faire le choix d'une méthode ayant ses propres faiblesses. L'Institut de la statistique du Québec a mis en ligne un document discutant en détails cette procédure. Lien : statistique.quebec.ca

Evolution des catégories d'inscrits

La catégorie A est la plus largement commentée dans les médias, on pourrait même dire quasi-exclusivement. Elle regroupe les : "Personne(s) sans emploi, devant accomplir des actes positifs de recherche d'emploi : Démarches régulières de recherche d'emploi pour lesquelles le demandeur d'emploi doit être en mesure de produire un justificatif (candidatures envoyées, participation à des sessions d'aide à la recherche d'un emploi...), à la recherche d'un emploi quel que soit le type de contrat (CDI, CDD, à temps plein, à temps partiel, temporaire ou saisonnier)" .

Son évolution est illustrée ci-dessous pour les mandats des différents présidents de la République qui se sont succédés depuis 1996.


Les catégories B et C, dont on entend moins parler, correspondent aux demandeurs d'emploi avec une activité réduite.

La catégorie B regroupe les : Personne(s) ayant exercé une activité réduite de 78 heures maximum par mois, tenue(s) d'accomplir des actes positifs de recherche d'emploi.

Un salarié exerçant une activité sur la base de 35 heures hebdomadaire travaille 151,67 heures en moyenne par mois. Une activité de 78 heures par mois représente donc à peine plus de la moitié de ce temps de travail.

L'évolution depuis 1996 pour la catégorie B est illustrée ci-dessous.


La catégorie C regroupe les : Personne(s) ayant exercé une activité réduite de plus de 78 heures par mois, tenue(s) d'accomplir des actes positifs de recherche d'emploi

Evolution pour la catégorie C depuis 1996 représentée sur un graphique.


Si l'on peut dire des demandeurs d'emploi de la catégorie A que ce sont des personnes qui souhaitent travailler, celles des catégories B et C sont des personnes qui souhaitent travailler plus.

Les inscrits des catégories B et C ont vu leur nombre plus que doubler sur la décennie 2009-2019. En 2022, ces catégories totalisent à elles seules plus de 2 millions de personnes.

Il est particulièrement remarquable que le nombre de demandeurs d'emplois dans les catégories A, B et C combinées a pratiquement doublé entre la crise financière de 2008 et la crise sanitaire débutée en 2020, passant de près de trois millions de personnes à près de six millions.


On se rend mieux compte de l'évolution des catégories A, B et C en examinant les données moyennes annuelles. Pour ce faire, on calcule pour chaque année le nombre moyen d'incrits par catégories en faisant la moyenne sur les 12 mois. Le résultat pour la catégorie A et les catégories A, B et C combinées est présenté sur le graphique ci-dessous.

Si l'écart entre la catégorie A et le total des catégories A, B et C était quasiment constant jusqu'à la crise financière de 2008, celui-ci augmente à partir de 2010. La tendance suivie par les catégories B et C est donc différente de celle de la catégorie A.

On peut interpréter cette tendance à la hausse comme une précarisation accrue des offres sur le marché du travail. De plus en plus de travailleurs sont contraints à un travail insuffisamment rémunéré et à un nombre insuffisant d'heures de travail.

Finalement, on inclut les catégories D et E pour obtenir une vision globale du nombre d'inscrits à Pôle emploi.

Un demandeur d'emploi de la catégorie D est une "Personne sans emploi, qui n'est pas immédiatement disponible, et qui n'est pas tenue d'accomplir des actes positifs de recherche d'emploi (demandeur d'emploi en formation, en maladie, etc.)"

Un demandeur d'emploi de la catégorie E est une "Personne pourvue d'un emploi, et qui n'est pas tenue d'accomplir des actes positifs de recherche d'emploi"

L'évolution du nombre total de demandeurs d'emplois inscrits au cours des 25 dernières années est obtenue en combinant les catégories A, B, C, D et E.


Analyse trimestrielle des données brutes

Lorsqu'on inspecte les données reportées sur le graphique pour la catégorie A, on remarque que le nombre d'inscrits diminue presque systématiquement entre janvier et juin, puis augmente entre juillet et décembre.

En comptant le nombre de fois où il y aura eu diminution du nombre d'inscrits à chaque fin de mois, on obtiendra le chiffre 5 si ce nombre d'inscrits ne fait que diminuer entre janvier et fin juin. A l'exception de 2009 et 2020, c'est ce qui s'est passé tous les ans comme le montre le graphique ci-dessous.

Ainsi si fin mars ou fin juin 2022 par exemple on observe une baisse du nombre d'inscrits en catégorie A par rapport au mois précédent en données brutes, cette baisse est très probablement une variation saisonnière attendue plutôt qu'une tendance de fond.

Peut-on faire émerger des tendances sans pour autant corriger les données brutes des effets saisonniers ? On peut par exemple analyser les données brutes de façon trimestrielle et comparer les années entre elles.

Intéressons-nous par exemple aux variations du nombre d'inscrits en catégorie A entre le dernier trimestre d'une année et le premier trimestre de l'année suivante. Ces variations sont reportées sur le graphique ci-dessous.

On peut remarquer qu'à partir de 2009, le nombre d'inscrits augmentait toujours au premier trimestre de l'année en comparaison du quatrième trimestre de l'année précédente. Par exemple, en 2013 le nombre d'inscrits au premier trimestre a augmenté de 3,8% par rapport au quatrième trimestre de 2012. En ce qui concerne 2022, on peut donc penser que la baisse de 3,1% observée au premier trimestre n'est pas liée à un effet saisonnier mais est bien une tendance à la baisse par rapport à fin 2021.

Examinons maintenant l'évolution du nombre d'inscrits entre les premier et second trimestres. Cette évolution va toujours dans le sens d'une diminution sauf en 2020 avec une augmentation de 15,5% en raison de la crise sanitaire comme on le voit sur le graphique ci-dessous.

Ainsi, une diminution du nombre d'inscrits en données brutes en 2022 entre les premier et second trimestres n'aurait rien d'inattendu et relèverait des variations saisonnières.

En conclusion, les données sur les inscrits à Pôle emploi montrent que le chômage en France est endémique, avec plusieurs millions de demandeurs d'emploi. Les dernières années n'ont vu aucune baisse significative. Le nombre d'inscrits ayant tout de même un emploi a très largement augmenté (doublé) au cours de la dernière décennie, illustrant la précarisation grandissante sur le marché du travail.

Code source pour l'analyse et les graphiques : joulik.github.io.

Depuis le 21/04/2022 :

joulik.github.io